Vous êtes impatient.e à l’approche des fêtes de fin d’année mais la surconsommation saisonnière vous donne envie de changer vos habitudes ? La démarche zéro déchet et anti-gaspillage permet de réduire son impact environnemental en limitant la consommation de ressources nécessaires à la fabrication et au transport des produits et de soutenir une économie plus locale et éthique.
Le mode de vie zéro déchet, c’est avant tout moins consommer
A première vue, la conversion au zéro déchet suppose de s’équiper de nouveaux ustensiles variés plus respectueux de l’environnement : gourdes, boîtes de tailles diverses, sacs à vrac de toutes tailles, savons de tout genre, etc. Toutefois, poursuivre ses achats sans se poser la question de l’utilité d’un objet avant son acquisition conduit à rester dans le même schéma consumériste. Dans la démarche zéro déchet, il ne s’agit pas de reproduire un mode de consommation dicté depuis des décennies mais de repenser complètement ses comportements d’achats en privilégiant l’aspect qualitatif plutôt que quantitatif. Aussi, avant de se lancer dans un cheminement pour un Noël plus respectueux de l’environnement sans faire d’erreurs, il faut se poser les bonnes questions.
Mais qu’est ce qui a fait de Noël, fête initialement religieuse, une messe consumériste annuelle ?
Noël, une fête devenue opération marketing faisant miroiter le bonheur par la possession
Si Noël est une fête chrétienne, elle est devenue un temps fort du consumérisme aux Etats-Unis au début des années 1920 avec l’essor de la publicité. Afin d’étendre leur influence et inciter aux achats, les publicitaires ont mis en œuvre de nombreuses techniques pour pousser les Américains à acheter des biens en tout genre pour les offrir à leurs proches 1.
Les « films de Noël », très populaires aux Etats-Unis, participent également à cette effervescence en montrant dans la majorité des cas une famille heureuse, un sapin entouré de cadeaux et un repas gargantuesque. Qui n’a jamais rêvé d’un Noël à l’américaine en regardant « Maman j’ai raté l’avion » ?
C’est aussi aux Etat-Unis, en 1936, que le père Noël a été mis en scène par l’entreprise américaine Coca-cola pour relancer les ventes de cette boisson pendant la saison hivernale (1). Cette opération marketing a grandement profité à cette marque mais a surtout popularisé le personnage principal des fêtes de fin d’année en Europe puis dans le reste du monde, après la Seconde Guerre mondiale, glorifiant les achats à profusion. Les Trente Glorieuses ont fait le reste et nous ont encouragés à consommer, surtout pendant des occasions spéciales.
Consommation de cadeaux et de nourriture : quand la consommation devient frénétique et conduit au gaspillage
Aujourd’hui, chaque année en France, près de 61 millions de jouets, souvent fabriqués en Asie, sont vendus à la période de Noël et un enfant reçoit en moyenne entre 6 et 8 cadeaux (2).
Les cadeaux représentent le premier poste de dépenses pour les fêtes de fin d’année. En 2015, les Français estiment dépenser 570 € pour les fêtes de fin d’années (décorations, repas) dont 350 € pour les cadeaux. Si ce budget a tendance à diminuer (le budget Noël est réduit de 22€ entre 2018 et 2019, passant de 571 € à 549 €) (3). Peut-on y voir une tendance à la déconsommation ?
Questionner les conséquences du consumérisme et changer son mode de consommation
Impact environnemental : gaspillage de ressources et matières premières
La consommation effrénée des fêtes de fin d’année de Noël engendre de lourdes conséquences environnementales. Au Royaume-Uni, 5,5% des émissions annuelles de carbone sont émises entre les 24 et 26 décembre. Aux Etats-Unis, les guirlandes de Noël représentent à elles seules la consommation électrique de 800 000 foyers Américains pendant un an ( 4).
La production de jouets conduit à l’extraction de nombreuses matières premières rares comme du pétrole pour les jouets en plastique et des métaux rares pour les composantes électroniques. De plus, le transport en cargo des jouets produits en Asie (62% des jouets importés dans l’Union Européenne proviennent de Chine) augmente le bilan carbone des fêtes.
D’autre part, un tiers des français aurait reçu un cadeau indésirable (qui ne répond pas à un besoin ou un désir et qui ne sera pas utilisé), voire un français sur deux en Ile-de-France (5). Ce qui profite aux sites de reventes mais crée au départ un gaspillage de ressources phénoménal.
Impact psychologique : plus de stress et d’agacement
L’esprit de Noël suppose que plus les cadeaux seront nombreux et clinquants, plus la table sera remplie de mets luxueux et variés, le plus agréable seront les fêtes. La pression engendrée par la recherche du cadeau idéal conduit à un stress, aussi bien en termes financiers qu’en termes temporels. Cette chasse aux cadeaux en quantités génère une charge mentale contre-productive puisque que chacun s’oblige à passer son temps et à dépenser son argent pour trouver des cadeaux qui peuvent être mal choisis ou impersonnels. Qui n’a jamais passé ses week-ends à sillonner les magasins et éplucher les sites de vente en ligne, à court d’idées, pour trouver le cadeau parfait ?
Notre folie consumériste nous ferait-elle perdre l’esprit de Noël ? Aborder les fêtes avec sobriété est l’occasion de se recentrer sur l’essentiel à savoir sur des moments entre parenthèses pour passer du temps auprès de ses proches et se reposer au cœur de l’hiver.
Consommer moins mais mieux et aborder Noël avec sérénité
Les dégâts sont importants, mais tout n’est pas perdu. Quelles sont les questions à se poser et quelles solutions sont à envisager ?
Amorcer les fêtes et questionner ses proches sur leurs désirs
Les préparatifs des fêtes de fin d’années peuvent être l’occasion de veiller aux besoins de ses proches ou d’oser leur demander explicitement ce qui pourrait leur faire plaisir prochainement. Après tout, les grands enfants aussi peuvent écrire leur lettre au Père Noël ! Peut-être que votre ami ou votre frère rêve d’un joli pull chaud en laine et que votre cousine trépigne d’impatience à l’idée de recevoir le dernier livre de Ken Folett, mais n’aurait osé vous le dire sans que vous lui ayez posé la question !
Et pourquoi pas donner une seconde vie à un objet ?
Si vous savez que votre proche ne sera pas froissé par un cadeau qui n’est pas tout neuf sorti de son blister, si vous êtes prêt vous ou vos proches à poursuivre le Défi rien de neuf, vous pouvez vous tourner vers l’économie de l’occasion et du troc et ses leaders numériques comme Vinted, Le bon coin et Geev. Le cadeau idéal est peut-être juste à côté de chez vous, qui sait ? Ce moyen est l’occasion de réduire drastiquement le bilan carbone de vos courses de Noël puisqu’aucune matière première ne sera extraite et vous permettra aussi de diminuer de façon conséquente le budget alloué aux cadeaux en question ou d’en faire de plus beaux avec budget équivalent !
La qualité plutôt que la quantité
Repensez aux anciens Noël et dites-vous : mes enfants jouent-ils toujours aux jeux offerts l’année précédente ? Si je réduis mon nombre de cadeaux, mes enfants s’en apercevront-ils ? Mes enfants ont-ils besoin d’avoir dix cadeaux si seulement deux cadeaux les contentent entièrement et surtout, s’ils jouent avec pendant des années ?
Pour les repas, y a-t-il vraiment besoin de faire un apéro-entrée-plat-fromage-dessert jusqu’à l’overdose ? On peut sûrement se contenter d’un apéritif-plat-dessert. Pensez à retirer un plat et le repas n’en sera que meilleur et moins anxiogène à préparer. Ce serait l’occasion de passer moins de temps en cuisine et plus de temps avec ses convives. Enfin, cela permettra de réduire le coût du repas et le gaspillage de nourriture.
Vous pouvez choisir des produits de saison, si possible issus de l’agriculture biologique ou locaux. A vous les courges en tous genres, châtaignes, marrons, poires et pommes de toutes variétés ! Il est également possible d’ajouter à son menu de Noël une recette anti-gaspi, que vous pourrez révéler à vos convives une fois le plat dégusté afin d’encore plus les surprendre !
Consommer local
Avez-vous vraiment envie de donner votre argent à des industries douteuses ou à un commerce près de chez vous dont les pratiques seront plus transparentes ? Pourquoi ne pas soutenir cette économie locale à l’approche des fêtes ? Pour les jouets, de plus en plus de fabricants se tournent vers ces gammes plus respectueuses. Au lieu d’aller au supermarché ou à l’autre bout de la ville dans un temple du jouet, pensez au fait qu’un magasin de jouets plus qualitatif est sûrement à proximité de votre domicile et vous épargnera l’angoisse des transports. Ce sera ainsi l’occasion d’aller à la rencontre de vos commerçants. Certes, les articles pourront vous sembler plus chers à l’achat mais ils dureront plus longtemps, prendront de la valeur avec les années et vos enfants auront tendance à en prendre soin et à les chérir davantage. N’hésitez pas à leur raconter une histoire sur la provenance de cet objet et la méthode de fabrication. Vos enfants n’en seront que plus fiers.
Consommer immatériel
Pour aller plus loin dans une démarche zéro déchet, pourquoi ne pas acheter un cadeau qui ne génère aucun déchet ? Avez-vous pensé aux cadeaux numériques ou aux cadeaux « expériences » ? Il s’agit d’une très bonne alternative aux personnes qui ont déjà trop d’objets chez soi (ce qui est mon cas). J’ai personnellement offert un cours de jardinage à une amie très proche (auquel j’ai assisté) qui m’a en échange donné un cours de couture. Ces deux moments ont été mémorables, utiles et valent plus que les cadeaux matériels. Si un proche adore aller au cinéma, offrez-lui un abonnement cinéma plutôt qu’un objet matériel dont il n’aura pas besoin !
Vous voilà solidement informé.e.s pour préparer ces fêtes de fin d’année ! Nous espérons que ces conseils contribueront à vous alléger l’esprit et aborder les fêtes de Noël de manière plus sereine et avec « zéro » stress !
Rédaction : Laure
Relecture : Cécile, Manon
Illustrations : Laure de @loriot_thehouse
Sources :
(1) https://www.lumni.fr/video/noel-fete-de-la-consommation (retour au texte1)
(2) https://www.franceculture.fr/emissions/pixel/noel-reinvente (retour au texte1)
(3) https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/be/Documents/CandIP/PressReleaseChristmasSurvey%20FINAL_FR_zE.pdf (retour au texte1)
(4) L’impact de Noël sur l’environnement, 2019, Brut : https://www.brut.media/fr/international/l-impact-de-noel-sur-l-environnement-93de605d-473c-4033-951c-5c5f40068aed (retour au texte1)
(5) Selon une étude menée par le site eBay en 2015 (retour au texte1)