Comment consommer sans argent ?

Consommer des biens (et même des services) sans passer par la case Banque. Impossible dans une économie basée sur la croissance et la consommation? Pas si sûr que ça…

Si l’on se réfère au terme économique, la consommation est l’action d’utiliser ou de détruire, immédiatement ou progressivement, des biens et des services dans le but de satisfaire un besoin.

On sous-entend un autre terme qui va de pair avec cette jolie consommation, c’est la propriété. Et pour être l’heureux (ou l’heureuse) propriétaire de ce bien ou de ce service, il faut utiliser le moyen d’échange commun : l’argent.

Mais s’il existait des moyens de consommer sans argent? Voilà une question houleuse dans une société où seuls les 3 petits chiffres cryptogramme de votre carte bancaire suffisent pour remplir en peu de temps placards, agendas et albums photo. Mais lorsqu’on s’attaque à réduire ses déchets et repenser sa consommation, l’idée de vivre autrement que grâce à l’argent apparaît de plus en plus concrète et devient une alternative envisageable (en plus d’être super cooooooool) !

1/ Consommer sans argent, c’est possible

Je donne ce qui ne sert pas à une personne qui en a besoin

Dans cette équation, l’un redonne vie à un objet endormi dans ses placards en le donnant, l’autre lui rend toute son utilité en le récupérant. De nouvelles applications ou sites Internet favorisent le don. GEEV, pour ne citer que cette application, permet de géolocaliser le bien, de déposer une annonce, d’échanger via un tchat et de se donner rendez-vous. Leboncoin finalement sans argent.

Je troque et j’échange biens et services

Devenu de plus en plus courant, il existe de nombreux groupes de trocs sur les réseaux sociaux, organisés par quartiers, par villes ou par liens d’affinités. Mais il y aussi des sites comme mytroc.fr par exemple qui ont officialisé le troc comme un autre moyen de consommer.

Aujourd’hui on peut donc s’échanger des livres ou des objets que l’on pense équitables (par exemple un sac de vêtements pour enfants contre des produits d’hygiène).

On peut aussi s’échanger des compétences: apprendre une langue en échange de cours de piano.

Il y a aussi la possibilité d’utiliser un moyen d’échange si nous ne n’avons rien à troquer. Sur ce site, le moyen est la noisette. Un cours de piano=10 noisettes par exemple.

Je m’engage dans un Système d’Echange Local (SEL)

Il permet à une communauté physique (généralement organisée en association) d’échanger des biens, des services et des savoirs de façon égalitaire autour d’un moyen d’échange qui peut être des noisettes ou des graines de courge…

Je veux t’acheter un pot de confiture, le pot est à 4 graines, je t’en donne donc 4. Et le voisin, s’il souhaite apprendre l’anglais, il donnera alors 8 graines pour 1 heure au professeur.  L’objectif est donc de se passer de l’argent pour rétablir du lien social et s’assurer d’un échange multilatéral égalitaire.

Je découvre les magasins sans argent

Chacun peut y déposer des objets en bon état et transportables qu’il n’utilise plus. Et si on y flâne et, oh! quelle chance!, on découvre un fouet électrique dont on a réellement besoin, il suffit juste de le prendre et… c’est tout ! Bien évidemment, il y a plusieurs objectifs derrière ce magasin sans argent: environnemental, social et citoyen, notamment.

A la différence des ressourceries, il n’y a pas revalorisation des produits mais réemploi direct.

2/ Utiliser plutôt qu’acheter

Derrière tous ces moyens de consommation sans argent se pose une question sur la petite copine de la consommation : la propriété. Avons-nous besoin d’être propriétaire du bien?

Je mets à disposition des objets que chacun peut utiliser

Certains petits groupes peuvent décider de mettre à disposition des biens et services. Quelques copropriétés par exemple, mettent en place un potager ou un poulailler où chacun vient récupérer les denrées, mettent à disposition une buanderie commune, un espace de jeux et des appareils électroménagers utilisés occasionnellement (appareils à raclette, pierrades…) tout ça, dans un espace commun où chacun vient se servir.

Autres que certaines copropriétés, les boîtes à livres sont apparues dans nos rues et permettent de mettre à disposition du passant des livres déposés spontanément par toutes et tous. Elles sont de plus en plus présentes et deviennent même pour certains halls de grands immeubles des boîtes à objets.

J’adhère à un réseau pour pouvoir emprunter des objets

Complètement oubliées ces 20 dernières années mais toujours présentes dans nos villes, les bibliothèques sont l’un des plus vieux exemples de l’emprunt. Aujourd’hui s’ouvrent d’autres “Thèques” bien pratiques qui mettent en avant le fait que nous n’avons pas besoin d’être propriétaire d’un objet qui ne sera utilisé que 20 minutes dans toute notre vie. Ainsi les outilthèques font leur apparition dans de nombreuses villes. Plus besoin d’encombrer son cagibi ou son garage avec des outils utilisés qu’une fois par an, on va directement dans cet espace “emprunter” une visseuse par exemple et on la ramène le lendemain.

Homme livre bibliothèque

3/ Les avantages de ces formes de consommation

Rendre utile des objets endormis, remettre du lien social dans son quotidien et se faire du bien, les avantages sont multiples.

Moins d’achat neuf donc moins de pollution et de gaspillage

Plutôt que d’acheter du neuf qui a demandé l’extraction et la création de matières premières et l’utilisation d’énergie, on utilise un produit donné ou mis à disposition par une personne qui s’en sert pas ou peu.

Ne plus être propriétaire mais être utilisateur permet d’échapper à la sur-consommation. A quoi bon acheter un livre qui ne sera lu qu’une fois, une visseuse utilisée que 20 minutes sur toute une vie? Empruntons à la bibliothèque ou au voisin!

Je m’inscris dans des liens de confiance

Nous ne sommes plus dans un système binaire sous couvert de l’argent (qui impose rien d’autre qu’un échange donnant-donnant).

Dans ces nouveaux moyens d’échange, la confiance permet de faire perdurer ce système. J’ai confiance dans le produit que tu me donnes parce que nous partageons les mêmes valeurs. Et si on pousse un peu plus loin, j’ai confiance en toi.

Satisfaction et gratitude : je me fais du bien en agissant avec mes valeurs

Pour celui ou celle qui donne, troque, échange, il y a la gratification et la satisfaction d’une part de redonner de l’utilité à un objet ou de valoriser des compétences acquises, la plénitude de rentrer dans un système vertueux d’autre part. Une fois que l’habitude de mettre à disposition des objets endormis ou d’utiliser un objet et non d’en être propriétaire est bien entrée dans le quotidien, le sentiment d’être en accord avec ses valeurs est fort et ne nous quitte plus; Il se dégage alors un sentiment de quiétude fort agréable.

Je partage, je rencontre, je recrée du lien social

Bien évidemment, le number one qui rafle tout sur son passage est le lien social.

C’est la base même de cette nouvelle façon de consommer. Se déplacer, rencontrer, donner/échanger les yeux dans les yeux nous place comme un acteur fort et un “passeur”.  Un sourire, un conseil, une conversation légère, l’objet ou le service échangé devient pratiquement un prétexte pour se rencontrer.

Pour l’expérimenter depuis quelques temps maintenant, je ne peux qu’être dithyrambique sur le fait de “déconsommer” et à vous encourager à oublier les 3 chiffres au dos de votre carte bancaire.

Satisfaction, bon sens, utilisation réelle des biens et services, nous voilà au seuil d’une économie vertueuse (heureuse).

 

Rédacteur : Julien Home Organizer

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