Robert Reed, expert américain du compost est venu à la Maison du Zéro Déchet pour partager son expertise avec plusieurs porteurs de projets.
Porte-parole de Recology, la coopérative en charge du traitement des déchets pour la ville de San Francisco, Robert Reed œuvre afin de développer le compostage et le recyclage dans sa ville et à l’étranger. C’est dans une atmosphère intimiste que nous avons accueilli l’américain à Paris. Secondé par Thibaut, juriste de l’association Zero Waste France, il a pu conseiller avec un regard critique et bienveillant quatre porteurs de projets venus participer à la toute première masterclass de la Maison du Zéro Déchet.
Partage d’expertise au profit de projets innovants et ambitieux
Fraîchement arrivé en France à l’occasion de sa tournée exceptionnelle pour témoigner de la faisabilité des démarches zéro déchet en ville sur le modèle de San Francisco, Robert Reed a fait une halte à la Maison du Zéro Déchet. Il est venu mettre ses connaissances au service d’entrepreneurs désireux de promouvoir et développer le traitement des biodéchets. Il a tout d’abord présenté Recology et les initiatives mises en place à San Francisco pour arriver peu à peu à détourner 80% des déchets enfouis vers le recyclage et le compostage.
Puis, Robert Reed a invité chacun des participants à présenter son projet et à faire part de ses interrogations. Un entrepreneur souhaitant se lancer dans la restauration zéro déchet, une start-up cherchant à développer une plateforme de traitement des déchets, des particuliers voulant créer des lieux qui feraient la promotion d’un nouveau mode de vie, en région rurale (ferme) ou à Paris (péniche)… sous cette variété de projets, une seule et même ambition : tendre vers une société et un modèle économique plus cohérents et respectueux de l’environnement.
“Persévérer pour réussir”
Après avoir répondu aux diverses questions, Robert Reed a salué ces démarches et a souligné que le plus difficile était de persévérer pour réussir à mener à bien ce genre de projets porteur d’innovation et de changement car les habitudes et les préjugés ont la peau dure.
À San Francisco, le projet de Recology qui visait à mettre en place un système de collecte et de valorisation des déchets organiques a été jugé impossible à mettre en place par ses détracteurs. Aujourd’hui, 80% des déchets de la ville sont recyclés ou compostés. « A l’heure actuelle, la plupart de nos déchets sont enfouis ou incinérés, comme s’il s’agissait d’un problème à faire disparaître. Nous avons oublié qu’il s’agissait en fait d’une ressource inestimable. »
Robert Reed décrit alors un dessin qui l’a marqué lorsqu’il était élève dans le Minnesota. « C’était la représentation d’un indigène qui vivait sur la côte est bien avant l’arrivée des colons européens. Sur l’illustration, on pouvait le voir creuser un trou dans le sol pour y mettre les vestiges de son repas de poisson avant de planter par-dessus du maïs. Il savait que cela allait aider le maïs à pousser. Or, c’est une leçon que nous avons oubliée. Nous nous sommes éloignés du cercle vertueux de la nature pour un modèle d’économie linéaire qui n’est pas viable à long terme. »
San Francisco: un modèle à suivre ?
Pour réussir à modifier la gestion des déchets, le plus important est de faciliter le changement. Rendre le recyclage et le compostage faciles et pratiques doit être la priorité. La ville de San Francisco a par exemple fourni aux habitants des poubelles destinées au tri ainsi qu’un programme de ramassage adapté aux particuliers, aux restaurants, aux entreprises…
Il faut également accompagner la population à travers des campagnes de sensibilisation pour faire comprendre aux gens à quel point il est important de recycler et composter, ou encore par la mise en place de formations pour leur donner les moyens d’agir.
L’incitation économique est également primordiale. À San Francisco, la taxe incitative (« pay as you throw ») est un dispositif qui permet à la ville d’établir des factures pour le ramassage des déchets. L’équivalent des poubelles noires est surtaxé afin d’inciter au compostage et au recyclage. Toutes ces mesures, alliées aux bénéfices qui ont découlé du développement des filières de traitement des déchets (offres d’emploi via le recyclage, enrichissement des sols grâce à l’accès au compost pour les agriculteurs et les particuliers…) ont permis à San Francisco de devenir un modèle du zéro déchet à grande échelle.
Le zéro déchet se propage
Bonne nouvelle, l’enthousiasme est contagieux puisque New York s’intéresse à la démarche et Paris entame des tests pour la collecte des biodéchets dans le 2ème et le 12ème arrondissements. D’autres villes en France ont déjà franchi le pas du ramassage des biodéchets (comme à Besançon), tandis que d’autres communes commencent à mettre en place la taxe incitative. Toutes ces initiatives nous montrent que le défi du zéro déchet peut être relevé avec un peu de volonté et de collaboration.
Si vous aussi vous souhaitez vous engager et êtes porteur d’un projet dédié à l’ouverture d’un lieu zéro déchet, inscrivez-vous à la prochaine Masterclass ! Pour sa 2ème Masterclass, La Maison du Zéro Déchet ainsi que l’association Zero Waste France vous proposent une session spéciale « Création d’un lieu dédié au Zéro Déchet » !
Auteure : Julie Valette